Pelouses sèches

Menacées par la progression des boisements

Les pelouses sèches méditerranéennes à faciès steppique (ou apparenté) régressent de façon constante depuis des siècles, voire probablement plus. Ces milieux hérités de la dernière glaciation ont vu leur superficie se réduire par la progression des forêts suite au réchauffement climatique, phénomène probablement amplifié par l’extermination par l’Homme des grands troupeaux d’herbivores sauvages. Toutefois, ce dernier facteur a été, au moins en partie, contrebalancé par le pâturage ovin qui y a succédé.

Un paradis pour les insectes

La punaise Neottiglossa flavomarginata, une espèce rare qui affectionne les pelouses sèches méditerranéennes sur les plateaux pseudo-steppiques
© Stéphane Bence – CEN PACA

Ces pelouses sèches pseudo-steppiques présentent un très grand intérêt biologique car elles abritent de nombreuses espèces rares de flore et de faune. Le Criquet hérisson en est le porte-drapeau.

Parmi les nombreux insectes concernés, figurent plusieurs espèces orthoptères menacées et/ou endémiques de Provence (criquets et sauterelles) comme l’Ephippigère provençale Ephippiger provincialis, le Sténobothre occitan Stenobothrus festivus, l’Arcyptère provençale Arcyptera kheili.

Autre exemple chez les hémiptères hétéroptères (punaises), avec les espèces suivantes qui forment un remarquable cortège d’espèces rares : Eurygaster hottentotta, Aelia notata, Psacasta granulata, Psacasta tuberculata, Derula flavoguttata, Tholagmus flavolineatus, Leprosoma inconspicuum, Antheminia lunnulata.

Parmi les groupes mieux connus, citons le Louvet Hyponephele lupina et l’Hermite Chazara briseis pour les papillons de jour, la Pie-grièche méridionale pour les oiseaux, le Lézard ocellé pour les reptiles. Des espèces rares de flore y sont également présentes, par exemple plusieurs espèces de Gagées, au sein d’une mosaïques d’habitats originaux, notamment les parcours steppiques dominés par les graminées et les plantes annuelles.

 

Les menaces

Pelouse rocailleuse colonisée par le Criquet hérisson © Stéphane Bence – CEN PACA (Seillons-Source-d’Argens, 83)

A la fin du 20e siècle, la pression pastorale, à son maximum historique, commence à diminuer avec la déprise agricole, puis s’accélère à partir des années 1950. Le résultat est une progression spectaculaire de la forêt.

Par ailleurs, la modification des pratiques d’élevage ne va plus systématiquement de pair avec le bon état de conservation des pelouses sèches méditerranéennes. C’est notamment le cas lorsque les troupeaux pâturent trop longtemps après la fin de l’hiver, jusqu’au printemps tardif.

Depuis le début des années 2000, de nouvelles menaces s’ajoutent à la fermeture des milieux : l’urbanisation et l’implantation d’infrastructures industrielles. L’addition des pertes d’habitats dues aux habitations pavillonnaires, centrales photovoltaïques et éoliennes, carrières, zones d’activités commerciales, centres de stockages et traitement de déchets, etc., risque d’achever le fonctionnement écologique de ces milieux pseudo-steppiques qui, pour maintenir leur bon état de conservation, nécessitent d’être connectés entre eux.

Les actions pour les préserver

L’objectif pour le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur est de garantir la préservation de l’ensemble des pelouses sèches tout en s’assurant que des pratiques favorables de pâturage ovin maintiennent le milieu suffisamment ouvert.

L’information et la sensibilisation de la société civile et des acteurs économiques sur la fragilité de cet habitat sont également indispensables pour accompagner les mesures de gestion et/ou de protection souhaitables.

 

Les pelouses sèches gérées par le Conservatoire