L’Alouette calandre

Une alouette désormais restreinte à la plaine de Crau

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L’Alouette calandre, bien qu’étant un passereau de taille moyenne, est une des plus grandes espèces de sa famille. Elle se différencie des autres alouettes par son bec fort, qu’elle utilise pour creuser le sol, sa tête imposante, sa queue courte et carrée et surtout, la tâche noire de taille variable qui orne son cou.
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Carte d'identité

Nom scientifique Melanocorypha calandra
Famille Alaudidae
Poids 44 à 73 grammes
Taille Hauteur : 10 à 23 cm ; Envergure : 34 à 42 cm
Espérance de vie 5 ans

Répartition et habitat

À l’échelle mondiale, l’Alouette calandre est présente dans une grande partie du Paléarctique occidental : Europe, Maghreb, Moyen-Orient, Asie Mineure, Mongolie, Russie… En Europe Occidentale, elle niche principalement en Espagne, au Portugal et en Italie. L’Alouette calandre était autrefois largement répartie dans le sud de la France : Pyrénées-Orientales, Aude, Aveyron, Lozère, Gard, Hérault, Drôme, Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence, Var et Bouches-du-Rhône. Actuellement, la population présente au niveau de la Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau est la seule qui subsiste en France.

L’espèce inféodée aux pelouses sub-steppiques sous des climats secs et chaud, parvient à trouver des conditions favorables pour se reproduire et se nourrir en plaine de Crau. Toutefois, elle n’y est pas répartie de façon homogène. Elle se concentre dans un seul secteur de coussoul sec en lisière de places de pâturage. La pression de pâturage y étant plus faible, la végétation, plus haute, correspond mieux à ses exigences écologiques notamment pour dissimuler les nids.

Cette affinité pour une certaine hauteur de végétation est aussi partagée par les populations ibériques qui se trouvent fréquemment dans des friches du type anciennes jachères pâturées. Plus globalement, l’Alouette calandre occupe des parcelles agricoles gérées de façon extensive, des zones sablonneuses désertiques et des pelouses sèches thermophiles sur substrat caillouteux.

 

Cycle de vie

Alouette calandre © Joseph Celse

Bien que les mâles chanteurs les plus précoces soient actifs dès le mois de février, c’est à partir de la première quinzaine d’avril que les couples vont se cantonner à leur territoire de reproduction. En 2021, environ 800 territoires de reproduction ont été recensés en Crau.

La période de nidification s’étale d’avril à juillet avec deux pics de pontes : fin avril / début mai et fin mai / début juin. Des études menées en Italie montrent que ces deux pics de pontes correspondent à deux nichées par an pour 20 à 30 % des couples (Guerrieri & al., 1997). En France, aucune étude ne permet de savoir si ces pics correspondent aussi à deux nichées par an ou sont plutôt le reflet de pontes tardives ou de remplacement.

 

Les femelles pondent 3 à 7 œufs dans un nid rudimentaire. Composé d’herbes sèches et de paille, il est installé dans une dépression au sol dissimulée sous la végétation. Les brins d’herbe les plus fins sont utilisés pour garnir le fond du nid.

Les populations françaises sont sédentaires, elles sont donc présentes en plaine de Crau toute l’année.

 

Régime alimentaire

Alouette calandre se nourrissant © Guy Bortolato

En automne et en hiver, c’est-à-dire en dehors de sa période de reproduction, l’Alouette calandre se nourrit principalement de végétaux : graines, céréales, jeunes pousses…

Au printemps et en été, elle va radicalement changer son régime alimentaire. Elle consomme alors une large gamme d’invertébrés souvent chassés à l’affut au sol : libellules, criquets, cigales, papillons (chenilles et imagos), guêpes, abeilles, coléoptères, araignées, cloportes et mollusques…

Les poussins, insectivores, sont essentiellement nourris de chenilles, de papillons de jours, de criquets et de fourmilions. Les chenilles du Sphinx de l’euphorbe, charnues et abondantes en Crau, sont particulièrement appréciées.

 

Les adultes peuvent parcourir jusqu’à 800 mètres pour se rendre sur des sites de chasse riches en ressources alimentaires.

 

Menaces

  • Perte de l’habitat : intensification et modification des pratiques culturales (irrigation), intensification de la viticulture et de l’arboriculture, abandon des jachères, régression du pâturage ovin, déprise agricole… Parmi d’autres, ces évolutions ont contribué au cours des dernières décennies à la perte drastique des surfaces d’habitats propices à l’Alouette calandre.
  • Fragmentation des habitats : l’installation d’une population d’Alouette calandre n’est possible qu’à la condition qu’elle dispose d’une surface de 500 à 1000 ha d’habitat favorable d’un seul tenant (Cheylan, 1999). Ainsi, le développement du tissu urbain, du tourisme et des infrastructures associées lui ont été très préjudiciables notamment dans les zones salines qu’elle occupait autrefois.
  • Gestion ou usages défavorables : le fauchage et le gyrobroyage de surfaces favorables pendant la période de nidification limitent les possibilités d’expansion de son aire de reproduction. Son installation à proximité des aéroports est souvent délicate en raison des risques d’incompatibilité entre l’activité aéronautique et la présence d’oiseaux.
  • Impacts directs : la chasse intensive pratiquée au début du XXe siècle a largement contribué à la forte régression de l’espèce en France (CEEP, 2000 ; Flitti, 2004). En plaine de Crau, il est probable que les chiens qui gardent les troupeaux prédatent des œufs ou des poussins. Le surpâturage peut aussi avoir un impact direct sur les individus à cause piétinement des nids.

 

Statut de protection

Alouette calandre © Vincent Palomarès

L’Alouette calandre est inscrite sur la liste des espèces protégées au niveau national. Son statut de conservation UICN est considéré comme « En danger » en France et en PACA. En Occitanie, l’espèce est considérée comme en « Danger critique » d’extinction lors de la réalisation des listes rouges (Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) en 2015. Depuis cette évaluation, elle a malheureusement disparu de cette région.

 

 

Agir

Actions pour la préserver

Alouette calandre © Thomas Perrier

Il est primordial d’assurer la protection de la seule population française restante. N’étant localisée que dans une petite partie de la Crau sèche pour se reproduire, des mauvaises conditions météorologiques ou une modification de la gestion du secteur pourraient mettre fortement en péril son maintien sur le territoire national.

La gestion autour de la zone occupée par l’Alouette calandre doit aussi lui être favorable afin d’offrir localement d’autres secteurs à coloniser. Pour ce faire, le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône, cogestionnaires de la Réserve naturelle, ont intégré ces enjeux dans le plan de gestion de la réserve dont les orientations sont à respecter scrupuleusement.

L’Alouette calandre bénéficie également d’un Plan national d’actions, dont l’animateur national est le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les actions prévues visent à assurer le maintien de la population existante et à conserver des conditions favorables, dans les secteurs anciennement occupés et à proximité, pour une éventuelle recolonisation.

Une veille est nécessaire afin de pouvoir déceler l’arrivée de couples dans de nouveaux secteurs en France. Le cas échéant, des mesures de protection spécifiques devront être mises en place dans les plus brefs délais afin d’assurer la réussite de la reproduction et pérenniser son installation.

 

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Rédaction : Jean-Christophe Bartolucci