L’Outarde canepetière

Oiseau des steppes et des plaines agricoles

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Depuis la disparition de la Grande outarde au début du siècle dernier, l’Outarde canepetière est la seule espèce appartenant à la famille des Otididae en France. Il existe deux grandes métapopulations (ensemble de populations) dans le monde : le sud-ouest de l’Europe et le sud de l’Asie. Elles sont totalement déconnectées et ont longtemps été considérées comme appartenant à deux sous-espèces : Tetrax tetrax tetrax et Tetrax tetrax orientalis.

Les évaluations menées au niveau mondial permettent d’estimer un nombre de mâles chanteurs compris entre 91 721 et 96 321 individus (50 563 en Europe et 41 010-44 110 en Asie).

La métapopulation européenne se distribue principalement en Espagne (41,1% des effectifs de mâles chanteurs mondiaux), le Portugal (9,4%), la France (2,6%) et l’Italie (0,4%).

L’espèce semble avoir disparu de l’Afrique du Nord.

La métapopulation asiatique occupe la Russie (23,1%), le Kazakhstan et le Kyrgyzstan (22,1%), la Chine (0,1%) et l’Ukraine (0,1%).

Connaître

Carte d'identité

Nom scientifique Tetrax tetrax
Famille Otididae
Poids 600g à 1kg
Taille Hauteur : 40-45cm ; Envergure : 80-90cm
Espérance de vie 8 à 10 ans

Répartition et habitat

L’Outarde canepetière occupe des milieux ouverts du type steppe (la plaine de Crau par exemple), prairies cultivées ou pâturées, jeunes friches et jachères. D’autres couverts agricoles sont occupés tels que les légumineuses (sainfoin), les graminées (dactyles), la sauge… Ainsi, les espaces agricoles ouverts dédiés à la polyculture-élevage extensive constituent une part très importante de son habitat.

Cycle de vie

© C. Tardieu

La maturité sexuelle est atteinte à 1 an pour les femelles et 2 ans pour les mâles. Pendant la période de reproduction, les mâles et les femelles auront des exigences écologiques très différentes. Les mâles vont entamer leurs parades nuptiales consistant à occuper une place de chant dans un secteur très ouvert pour être facilement repéré par les femelles. Celles-ci chercheront au contraire des milieux avec une hauteur et une densité d’herbe suffisante pour qu’elles puissent s’y camoufler lors de la couvaison. En principe, elles pondent 3 à 4 œufs de couleur verte dissimulés au pied de touffes (pas de construction de nid).

Pour se reproduire, l’espèce a donc besoin d’une mosaïque d’habitats prairiaux ou steppiques dans un rayon d’un kilomètre pour répondre aux exigences des mâles et des femelles.

Les populations qui se reproduisent dans le centre ouest de la France sont présentes de mars à octobre. En septembre, les individus quittent leurs sites de reproduction pour se rassembler sur les sites postnuptiaux jusqu’à la mi-octobre. Elles vont ensuite migrer en Espagne et au Portugal jusqu’au printemps d’après. Les populations qui occupent les zones méditerranéennes sont devenues sédentaires. Les principaux rassemblements hivernaux sont observés dans la plaine de Crau, les Costières du Gard et la plaine de Béziers.

Poussins d’Outarde canepetière © Axel Wolff – CEN PACA

Régime alimentaire

Les adultes se nourrissent préférentiellement de végétaux (feuilles, pousses tendres). Ils complètent parfois leur alimentation par de petits invertébrés. Les poussins consommeront exclusivement des invertébrés (coléoptères et orthoptères) pendant trois semaines. La proximité de ressources alimentaires végétales abondantes est un élément décisif lors la sélection des sites pour les rassemblements postnuptiaux.

Menaces

En France, l’Outarde canepetière subit de nombreuses pressions qui diffèrent entre le domaine atlantique et le domaine méditerranéen et entre les habitats. La principale menace qui pèse sur l’espèce est la disparition de son habitat. Les causes de cette disparition sont multiples : intensification de l’agriculture, aménagement du territoire, urbanisation, développement d’énergies renouvelables, gestion des espaces enherbés des aéroports et aérodromes. Dans une moindre mesure, des impacts directs sur les individus sont identifiés : mécanisation de l’agriculture qui génère la mort des femelles et de leur progéniture, percutions avec des lignes électriques, effarouchement des individus dans les aéroports et aérodromes, la chasse qui peut générer le dérangement des individus en rassemblements postnuptiaux et la possible prédation par les animaux de compagnie (notamment les chiens). La disponibilité en ressources alimentaires (végétaux favorables et invertébrés) va aussi être préjudiciable à l’espèce notamment lors du nourrissage des poussins.

Statut de protection

L’espèce est protégée règlementairement au niveau européen et français. Elle est inscrite sur la liste des espèces protégées de France où son statut de conservation UICN est considéré comme « En danger ». En PACA, l’espèce est « Quasi-menacé » selon la Liste rouge régionale.

Agir

Action pour la préserver

L’outarde canepetière bénéficie d’un Plan national d’actions pour favoriser le maintien de ses populations, voire leur expansion.

Le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur coordonne ce plan au niveau régional. L’animation au niveau national est gérée par la LPO en Nouvelle-Aquitaine et le COGard en Occitanie. Le CEN PACA assure la mise en œuvre des actions du plan en PACA :

  • suivi des populations (points d’écoute, comptages visuels, suivis nocturnes en drone) ;
  • concertation avec les différents acteurs concernés (agriculteurs, militaires, gestionnaires d’espaces naturels…) ;
  • préconisations de gestion ;
  • gestion d’espaces naturels ;
  • gestion des sites militaires (Life NaturArmy), des bases aériennes (BA 115 à Orange, BA 701 à Salon-en-Provence) et des aérodromes (Vinon-sur-Verdon, Avignon, Plan de Dieu…);
  • mise en place de mesures agro-environnementales favorables à l’outarde…
Recherche de nids d’Outarde canepetière par drone équipé de caméras thermiques sur le plateau de Valensole – © Baptiste Dolidon –  Alaterra
Suivi d’outardes en période de reproduction sur l’aéroport d’Avignon Provence – © Ghislaine Dusfour – CEN PACA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédaction : Jean-Christophe Bartolucci – CEN PACA