Le Ganga cata

Virtuose du mimétisme en Crau

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Parmi les 16 espèces de gangas qui existent dans le monde, le Ganga cata est la seule espèce présente en France. Autrefois largement réparti dans les milieux steppiques du sud de la France, il est aujourd’hui strictement cantonné à la plaine de Crau.

Les mœurs cryptiques et la coloration du plumage du Ganga cata le rendent très discret, notamment pendant la période de reproduction, ce qui lui assure une bonne protection envers les prédateurs. Ces traits biologiques assurent aussi une très bonne protection envers les naturalistes et scientifiques qui souhaitent l’étudier pour mieux le protéger. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, de nombreuses questions sur sa biologie et sur les actions à mettre en œuvre pour améliorer l’état de ses populations restent sans réponse.

Il existe deux sous-espèces de Ganga cata dans le monde :

  • Pterocles alchata caudacutus présente en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie), au proche et Moyen-orient (Turquie, Irak, Jordanie, Syrie, Israël, Arabie Saoudite) et en Inde ;
  • Pterocles alchata alchata présente dans le sud-ouest de l’Europe (France, Espagne et Portugal).

Les informations présentées sur cette page concernent particulièrement la sous-espèce présente en France, Pterocles alchata alchata.

Connaître

Carte d'identité

Nom scientifique Pterocles alchata
Famille Pteroclidae
Poids 270-430 g
Taille Longueur : 31-39 cm ; Envergure : 54-65 cm
Espérance de vie 10 ans en captivité

Répartition et habitat

La France représente la limite septentrionale de son aire de répartition. Mentionné dans les Pyrénées-Orientales et l’Hérault jusqu’au début du XIXe siècle, le Ganga cata est désormais restreint dans la plaine de Crau (Bouches-du-Rhône) où il s’est sédentarisé. La population espagnole la plus proche étant située à 500 kilomètres (Aragon), il est fort probable que les échanges avec les populations de Crau n’aient plus lieu. Le Ganga cata vit dans les plaines steppiques et les plateaux arides à végétation rase. Il peut aussi s’accommoder de vasières sèches ou de champs de céréales secs. Il évite les milieux embroussaillés et les friches à végétation dense ou haute. Il y a quelques décennies, l’espèce était observée dans des parcelles agricoles dans les Bouches-du-Rhône, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Ainsi, bien que préférant les milieux à substrat argileux ou sableux, en France, le Ganga cata s’est focalisé exclusivement sur le substrat caillouteux de la plaine de Crau.

Cycle de vie

Les parades peuvent être observées toute l’année mais sont plus importantes de janvier à mars. Elles peuvent se faire en vol (souvent en couple) ou au sol (queue en éventail).

© Jean-Christophe Bartolucci – CEN PACA

Le Ganga cata a la réputation d’être monogame.

La nidification a lieu à même le sol au sein de pelouses sèches bien ouvertes. Le nid est une simple dépression de 9 à 11 centimètres de diamètre. Les femelles vont y pondre 2 à 3 œufs à 1 ou 2 jours d’intervalle. La couvaison est partagée entre les deux partenaires du couple : la nuit pour les mâles, la journée pour les femelles.

En Espagne, les femelles forment des dortoirs la nuit, comportement encore non observé en Crau.

Les poussins vont fuir le nid quelques heures seulement après l’éclosion (nidifuges). Ils seront capable d’effectuer des vols sur de courtes distances dès 25 jours et seront parfaitement volants au bout de 5 semaines environ. Durant toute la phase de croissance des jeunes, les parents limitent leurs déplacements dans un secteur de quelques hectares.

Régime alimentaire

© Yann Toutain – CEN PACA

Le régime alimentaire du Ganga cata est majoritairement constitué de graines (96 à 97 % de la matière sèche ingérée). Il complète son alimentation en consommant des feuilles de certains végétaux et quelques arthropodes.

Des études sur les populations espagnoles montrent qu’en été, le Ganga cata se nourrit de plus de 47 espèces végétales dont une part importante de graines issues de plantes cultivées (avoine, blé, lentilles). En hiver, ce sont majoritairement des plantes rudérales qui composent leurs repas.

Le régime alimentaire des populations françaises est moins bien connu. Des analyses et des observations montrent que les gangas de Crau se nourrissent de graines d’onopordons, d’asphodèles et de trèfle (notamment le Trèfle souterrain). Certains individus ont déjà été observés en train d’agiter vigoureusement des tiges d’onopordon à l’aide de leur bec pour en faire tomber les graines.

La collecte d’eau par les mâles, majoritairement à l’aurore, représente une part importante des déplacements nécessaires pendant la phase de croissance des juvéniles. Pour ce faire, les mâles immergent les plumes de leur ventre dans des points d’eau peu profonds (flaques, mares, bords d’étangs, marais…) afin qu’elles s’imprègnent. Ils rejoignent ensuite les jeunes qui s’hydrateront en « tétant » les plumes chargées d’eau (jusqu’à 40 ml par trajet). L’hydratation des jeunes dure environ 9 semaines en Crau. Ainsi même les jeunes individus volants (à partir de 5 semaines) continuent à en bénéficier.

 

Statut de protection

Le Ganga cata est protégé règlementairement au niveau européen et français (loi n°76-629 du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature). L’espèce est considérée par l’UICN comme « En danger critique » d’extinction en France et en PACA.

 

Agir

Action pour le préserver

  • Amélioration des connaissances : Pour espérer sauver la population du Ganga cata française il est impératif d’en apprendre plus sur sa biologie et son écologie notamment en Crau. Cette population a développé avec le temps des typicités et des adaptations qui ne permettent pas d’y transposer toutes les connaissances acquises via les populations espagnoles.
  • Suivi des populations : Malgré les difficultés rencontrées pour suivre cette espèce en Crau, des suivis sont régulièrement réalisés pour estimer la taille de la population, pour mieux connaitre sa phénologie et sa distribution locale. Les résultats issus de ces suivis permettent d’estimer la présence d’environ 200 couples en Crau.
  • Protection de l’habitat : Il est important de renforcer les dispositifs de protection des coussouls, notamment en dehors de la réserve naturelle des coussouls de Crau. Il faut que les Gangas catas disposent d’une superficie suffisante d’habitats favorables de bonne qualité pour améliorer leurs succès de reproduction.
  • Gestion de l’habitat : Dans la plaine de Crau le maintien du pâturage extensif est un élément crucial pour conserver les habitats steppiques qui correspondent aux exigences écologiques des Gangas catas.

 

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Rédaction : Jean-Christophe Bartolucci – CEN PACA