Les cicindèles
Un groupe d’espèces bio-indicatrices
Carte d'identité
Nom scientifique | 14 taxons considérés* |
Famille | Carabidae, sous-famille des Cicindeliinae |
Taille | environ 9 mm pour Cylindera arenaria à 16 mm pour Cicindela hybrida |
Répartition et habitat
Les cicindèles présentent un intérêt écologique particulièrement fort, car elles sont naturellement peu représentées et sont la conséquence d’un fonctionnement naturel complexe qui repose sur la dynamique naturelle des flux hydrauliques et des matériaux sédimenteux transportés. De plus, la plupart des habitats sableux ou sablo-limoneux, en contexte d’eau douce ou salée, ont fortement été dégradés depuis un siècle, risquant de faire disparaître l’ensemble de la flore et de la faune associées.Les 14 taxons
Calomera littoralis nemoralis (Olivier, 1790) – La Cicindèle des plages
Cassolaia maura (Linnaeus, 1758)
Cephalota circumdata leonschaeferi Cassola, 1970 – La Cicindèle de Schaeffer
Cicindela campestris Linnaeus, 1758 – La Cicindèle champêtre
Cicindela gallica Brullé, 1834 – La Cicindèle des Alpes
Cicindela hybrida Linnaeus, 1758 – La Cicindèle hybride
Cicindela maroccana pseudomaroccana Roeschke, 1891 – La Cicindèle marocaine
Cicindela sylvicola Dejean in Latreille & Dejean, 1822 – La Cicindèle des bois
Cylindera arenaria (Fuessly, 1775) – La Cicindèle des sables
Cylindera germanica (Linnaeus, 1758) – La Cicindèle germanique
Cylindera paludosa (L. Dufour, 1820) – La Cicindèle des marais
Cylindera trisignata (Dejean in Latreille & Dejean, 1822) – La Cicindèle à trois taches
Lophyra flexuosa (Fabricius, 1787) – La Cicindèle flexueuse
Myriochila melancholica (Fabricius, 1798) – La Cicindèle mélancolique
Cycle de vie
Selon les espèces et les habitats fréquentés, les cicindèles passent l’hiver au stade d’imago ou au dernier stade larvaire dans une loge profonde de quelques centimètres, jusqu’à 30 cm pour la Cicindèle hybride (TEXIER E., 2005).
Pour les cincidèles, la nymphose (transformation de larve en nymphe) se déroule en quelques jours seulement avant l’apparition des adultes au printemps, dès la mi-février pour la Cicindèle marocaine en plaine, jusqu’à mi-juin pour la Cicindèle des Alpes en altitude. L’accouplement est réalisé uniquement si la femelle est consentante et peut durer 30 minutes si les partenaires ne sont pas dérangés (TEXIER E., 2005).
La ponte s’effectue sur un substrat peu ou pas végétalisé, soigneusement inspecté au préalable par la femelle. Elle y fore un terrier de quelques millimètres au fond duquel elle dépose un œuf, réitérant l’opération entre 20 et 50 fois (BESSONNAT G., 1973).
Une fois la larve éclose, son activité sera constituée d’une succession d’affûts et de prises de nourriture, de travaux d’entretien et d’agrandissement du terrier au fur et à mesure de la croissance larvaire et des mues successives. Le développement au stade larvaire est généralement assez rapide, de quelques semaines à deux ou trois mois.
Les cicindèles sont thermophiles (organismes qui vivent à des températures élevées) et actives à partir d’une température comprise entre 15 et 20 °C. Elles craignent cependant les températures trop élevées supérieures à environ 30° C, qui les obligent à suspendre leur activité et à s’abriter sous un élément quelconque (feuille, coquille, etc.), voire à estiver.
Des menaces de plus en plus pesantes
Dans la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce sont les cicindèles littorales et alluviales qui sont les plus menacées à court terme. Les principales causes de la diminution, voire de la destruction totale, des habitats vitaux des espèces relèvent des menaces suivantes :
- L’urbanisation littorale (zones pavillonnaires et aménagements balnéaires) et continentale, l’implantation d’infrastructures industrielles (zones industrielles, centres de traitement et stockage de déchets, entrepôts, etc.) et commerciales (zones d’activités commerciales, plateformes logistiques, etc.)
- L’aménagement des cours d’eau (barrage hydroélectrique, microcentrales, recalibrage, extraction de granulats, etc.) et des zones humides
- Le réchauffement climatique (élévation du niveau de la mer, augmentation des températures, assèchement des zones humides méditerranéennes, etc.)
Malheureusement, aucune espèce de cicindèles n’est protégée en France.
La Cicindèle de Schaefer Cephalota circumdata leonschaeferi et la Cicindèle des marais Cylindera paludosa sont classées sur la Liste régionale des « Espèces remarquables ZNIEFF ».
Seule la Cicindèle des sables Cylindera arenaria apparaît comme « Espèce déterminante ZNIEFF »
Des actions pour les préserver
Le Conservatoire d’espaces naturels a initié en 2020 une dynamique d’amélioration des connaissances naturalistes sur les coléoptères, et plus particulièrement sur les cicindèles. Pour cela, un appel à données a été réalisé auprès de coléoptéristes professionnels ou amateurs, mais également auprès de tout naturaliste intéressé par ce groupe d’espèces, pour la plupart faciles à identifier. De l’analyse des boîtes de collection, à la récupération de fichiers de données en passant par l’étude de documents bibliographiques, ce travail permet de compléter de nombreuses mailles vides pour les cicindèles les plus généralistes et d’affiner la connaissance de la répartition des cicindèles les plus spécialistes.
Cette dynamique d’inventaire régional est aussi l’occasion d’observer une multitude d’autres espèces (orthoptères, chilopodes, coléoptères…), toutes aussi intéressantes dans des milieux généralement peu prospectés : surfaces sableuses nues, bords de flaques, milieux halophiles temporaires humides etc.
La préservation des habitats des cicindèles les plus menacées est le seul moyen d’éviter la disparition de ces dernières.
L’information et la sensibilisation du grand public et des acteurs économiques sur la fragilité des espèces sont également indispensables pour accompagner les mesures de gestion et/ou de protection souhaitables.