Le Ballous, le Faux-Cuivré smaragdin
Un magnifique papillon provençal localisé et menacé
Carte d'identité
Nom scientifique | Tomares ballus Fabricius, 1787 |
Famille | Lycaenidae |
Taille | longueur aile antérieure : 14-15 mm |
Répartition et habitat
Le Ballous est une espèce ouest-méditerranéenne, présente en Egypte, au Maghreb et qui remonte en Europe le long de la Péninsule ibérique et en France. Le département du Var constitue un bastion de l’espèce. Sa répartition s’étend également à l’extrême-ouest des Bouches-du-Rhône, où seules deux petites populations subsistent dans les collines de Cuges-les-Pins et Roquefort-la-Bédoule. L’espèce était également connue dans les environs de Cannes et Vallauris à la fin du XIXe siècle, où elle a probablement disparu, car non revue depuis.Cycle de vie
L’unique génération vole de mi-mars à mi-mai selon les endroits, avec un pic entre fin mars et mi-avril. Les œufs sont pondus sur de petites fabacées rampantes ou semi-ligneuses : luzernes et trèfles (Medicago sp.), badasses (Dorycnium hirsutum, plus rarement Lotus dorycnium), Hippocrépide à deux fleurs Hippocrepis biflora, Genêt d’Espagne Genista hispanica, Sainfoin tête de coq Onobrychis caput-galli, etc. L’œuf incube en une dizaine de jours, puis la chenille, mymécophile, se développe en cinq stades pendant près de deux mois. Partiellement enterrée dans le sol, sous une pierre ou dans une fourmilière, la chrysalide estive, hiberne et libère un papillon au bout de dix mois.
Une espèce principalement liée aux petites activités agricoles traditionnelles
Le Ballous, également appelé Faux-Cuivré smaragdin, fréquente principalement les bandes enherbées en inter-rangs ou en bordure de petites parcelles de vignes extensives cultivées en agriculture biologique et dans les olivettes peu entretenues, souvent en restanques. Il peut également être observé au niveau des plantations de chênes truffiers, des clairières de forêts, des pelouses sèches pâturées de manière extensive, des garrigues ouvertes et des bords de chemins et de routes peu entretenus. Des populations en transit subsistent pour un temps, dans les friches agricoles et les cultures abandonnées. Ses habitats de prédilection sont toujours ouverts et abrités du vent, sur calcaire, marne, alluvions quaternaires et parfois substrat cristallin pour les populations les plus orientales du Var.
Menaces
Les principales menaces qui pèsent sur le Faux-Cuivré smaragdin sont bien connues :
- L’urbanisation et le développement des infrastructures industrielles et commerciales. C’est ce facteur qui a entraîné la disparition des populations littorales maralpines et qui fragmente encore aujourd’hui les populations littorales et continentales.
- Dans l’arrière-pays, l’intensification de l’agriculture et le regroupement parcellaire, notamment des vignobles et oliveraies, porte préjudice au papillon. Combinées à un entretien trop régulier du sol et à l’usage de produits phytosanitaires, ces pratiques provoquent la disparition de l’espèce. A contrario, l’abandon de la gestion de ces espaces entraîne également la disparition du papillon par la fermeture progressive de l’habitat.
- Pour les populations des garrigues et clairières, l’entretien trop fréquent des abords de pistes et chemins, la fermeture naturelle des milieux et l’implantation des centrales photovoltaïques réduisent encore les habitats.
Statuts de protection
Le Ballous est inscrit dans la catégorie VU (« Vulnérable ») dans la Liste rouge des papillons de jour de France (2014) et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (2014).
Il figure également dans la Liste régionale des « Espèces déterminantes ZNIEFF » qui servent à désigner les Zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF).
Les actions pour le préserver
Dans le cadre du programme régional sur les papillons et de la dynamique sur l’amélioration des connaissances naturalistes sur les rhopalocères (papillons de jour), le Conservatoire d’espaces naturels mène chaque année depuis 2013, une journée d’inventaire participatif ciblée sur le Ballous.
Cette journée ouverte à tous (entomologistes confirmés ou amateurs, simple naturaliste ou curieux de nature) est organisée dans des secteurs historiques de présence de l’espèce, non actualisés depuis les années 2000, ou dans des secteurs fortement potentiels. Elle constitue une opportunité pour sensibiliser le grand public (propriétaires de parcelles, agriculteurs, habitants, etc.) sur la préservation du papillon et de ses habitats. C’est également l’occasion de passer un moment agréable entre amoureux de la nature et d’inventorier de nombreux autres groupes d’insectes selon les compétences de chacun.
De plus, des actions de conservation sont indispensables pour éviter la disparition des dernières populations littorales et des stations les plus importantes. L’acquisition foncière couplée à des actions de gestion semble être la seule mesure efficace pour préserver durablement le papillon. En effet, il est important de se rapprocher des propriétaires de parcelles où se reproduit le papillon pour les orienter vers des modes de gestion favorable ou inciter à les maintenir.