Criquet hérisson

Une espèce « porte-drapeau » d’un rare cortège de flore et de faune

Découvrir
Lourd et incapable de voler, le Criquet hérisson se déplace peu, quelques centaines de mètres tout au plus. Cette sédentarité le rend très vulnérable au morcellement de son habitat vital duquel il est indissociable : les pelouses sèches méditerranéennes au faciès plus ou moins steppique.
Connaître

Carte d'identité

Nom scientifique Prionotropis azami Uvarov, 1923
Famille Pamphagidae. Seules deux espèces en France appartiennent à cette famille. Toutes deux sont endémiques, menacées et protégées (la seconde est le Criquet rhodanien ou Criquet de Crau Prionotropis rhodanica)
Taille mâle 3,5 cm ; femelle 4,3 cm

Répartition et habitat

Endémique de Provence, le Criquet hérisson présente une aire de répartition limitée au département du Var (centre et nord), débordant à l’ouest sur les collines de Jouques et de la Sainte-Victoire (Bouches-du-Rhône), et se prolongeant à l’est sur les plateaux de Caussols et de Calern (Alpes-Maritimes). Sa présence dans les Alpes-de-Haute-Provence sur la commune de Quinson, ne comprend que la partie sud en rive gauche du Verdon. Ce gros criquet peuple les pelouses sèches méditerranéennes de 180 à environ 1 400 mètres. Il affectionne plus particulièrement les plateaux calcaires entre 400 et 1 200 mètres, où se trouve une végétation steppique ou qui s’y apparentent.
Criquet hérisson au stade larvaire © Paulin Mercier – CEN PACA

Cycle de vie

Le Criquet hérisson passe l’hiver au stade d’œuf. Les larves écloses au début du printemps et, après quatre mues atteignent le stade adulte entre fin mai et juillet en fonction des localités et des conditions météorologiques. Toutefois, sur les hauts plateaux de l’arrière-pays varois ou azuréen, il arrive que des adultes soient encore observés en août ou exceptionnellement en septembre.

Menaces

Les principaux facteurs affectant la population régionale, donc mondiale, du Criquet hérisson sont les suivants :  

  • La diminution des surfaces de pelouses sèches méditerranéennes, en particulier les formations steppiques, par la progression de la végétation ligneuse consécutive à l’abandon du pastoralisme traditionnel. Ce dernier facteur est problématique en raison de l’absence des grands troupeaux d’herbivores sauvages exterminés antérieurement ;
  • La destruction des pelouses sèches méditerranéennes, en particulier les formations steppiques, par l’implantation d’infrastructures industrielles (centrales photovoltaïques et éoliennes, centres de traitement et stockage de déchets, etc.), commerciales (zones d’activités commerciales, plateformes logistiques, etc.) et l’urbanisation (habitations pavillonnaires notamment).

Le Criquet hérisson est une espèce cryptique et peu mobile, qui a choisi le camouflage plutôt que la fuite face au danger © Stéphane Bence – CEN PACA

Statut de protection

L’espèce est protégée en France. Elle est également inscrite dans la catégorie EN (« En danger ») sur la Liste rouge des orthoptères d’Europe (2017) et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (2018).

Le Criquet hérisson figure aussi sur la Liste régionale des espèces « Déterminantes ZNIEFF », qui servent à désigner des Zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF).

 

Agir

Les actions pour le préserver

Prospection « Criquet Hérisson » © Stéphane Bence – CEN PACA

Le seul moyen d’éviter la disparition du Criquet hérisson est de garantir la préservation de l’ensemble de ses habitats vitaux tout en s’assurant que des pratiques favorables de pâturage ovin maintiennent le milieu suffisamment ouvert.

Le Conservatoire d’espaces naturels a entamé en 2020 un programme destiné à améliorer la connaissance de sa répartition. Ce diagnostic sera terminé en 2021 dans le but d’établir une stratégie de préservation de l’espèce. La première étape consiste à définir le degré de connectivité entre les sous-populations et identifier quels sont les secteurs prioritaires pour mettre en œuvre des actions concrètes : gestion pastorale ou/et identification des pelouses sèches à préserver en urgence.

L’information et la sensibilisation de la société civile et des acteurs économiques sur la fragilité de l’espèce et de son habitat vital sont également indispensables pour accompagner les mesures de gestion et/ou de protection souhaitables.