Publié le 6 septembre 2023 - Suivi des sites et des espèces

Un aigle de Bonelli sauvé

Et relâché dans le Parc national des Calanques

Retrouvé blessé en gare de Marseille Saint-Charles le 19 juin 2023, un Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) a pu être relâché le mardi 8 août dans le Parc national des Calanques. Le succès de l’opération a été permis grâce aux soins prodigués sur l’animal et au Plan national d’actions dont bénéficie cette espèce protégée. L’envol de cet oiseau emblématique, dont la population reste extrêmement fragile en France, constitue une excellente nouvelle pour la biodiversité.

Récit d’un sauvetage

Le 19 juin 2023, alors qu’elle attend son train en gare Saint-Charles, une jeune voyageuse voit un aigle tombé sur le sac de son voisin. Blessé, l’animal a visiblement percuté un obstacle et ne parvient plus à voler. Alertés, les Marins-Pompiers de Marseille arrivent sur les lieux et prennent l’oiseau en charge. La bague qu’il arbore sur la patte permet de contacter le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur (CEN PACA), coordinateur régional du Plan national d’actions (PNA) en faveur de l’Aigle de Bonelli.

Aigle de Bonelli manipulé par un bénévole de la LPO. Il étire son aile.
© Elena Cerisy – PN Calanques

L’animal est transféré le jour même au Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage géré par la Ligue de protection des oiseaux PACA (LPO PACA) et situé à Buoux dans le Vaucluse. Les premiers examens permettent de constater que l’oiseau a subi un traumatisme crânien important et qu’il a reçu un choc au niveau du bassin. Il est dans l’incapacité de se tenir debout et de s’alimenter seul. Son corps ne présentant aucune trace de blessure par balle, l’hypothèse d’une collision est privilégiée.

Parallèlement, l’analyse par le CEN PACA des données fournies par sa balise GPS, dont l’oiseau est équipé depuis 2016, permet d’apporter quelques précisions sur les circonstances de l’accident… Ce mâle, né en 2010 sur le massif de la Sainte-Baume où il a été bagué à sa naissance, nichait depuis 2013 sur le territoire du Parc national des Calanques. Il semble s’être retrouvé coincé sur un train en marche au niveau d’un tunnel ferroviaire situé sur la commune de Cassis.

L’animal était donc blessé avant son arrivée à la gare Saint-Charles et est parvenu à se maintenir sur le train jusqu’à son terminus. Il est probable qu’il se soit retrouvé dans cette situation inconfortable après avoir percuté un câble ferroviaire ou avoir été déstabilisé dans sa trajectoire en volant trop près du train.

Soigné au Centre de sauvegarde de la LPO PACA, le Bonelli récupère peu à peu ses forces, d’abord en salle de soins puis en volière de réhabilitation. Il parvient rapidement à se nourrir seul grâce à l’efficacité du traitement mis en place, puis recommence à voler progressivement. Début août, les soigneuses de la LPO PACA l’estiment prêt à prendre son envol.

Aigle de Bonelli dans les bras d'un bénévole LPO avant le relacher
© Elena Cerisy – PN Calanques
Silhouette Aigle de Bonelli visible dans le ciel bleu estival
© Elena Cerisy – PN Calanques

 

Le relâcher a finalement eu lieu le 8 août 2023 en cœur de Parc national des Calanques en présence des soigneurs de la LPO PACA, du CEN PACA, des agents du Parc national et de l’ONF qui assurent une surveillance au quotidien de l’animal et de son territoire et d’un représentant de la DREAL, financeur du PNA en faveur de l’Aigle de Bonelli en région PACA. L’oiseau s’est rapidement élevé dans le ciel grâce à un vol puissant. Les données émises par sa balise feront l’objet d’une attention particulière dans les prochains jours pour suivre son retour à la vie sauvage.

 

Retrouvez le témoignage de Loriane Aubinais,
responsable du centre régional de sauvegarde de la faune sauvage

 

Pourquoi de telles actions pour l’Aigle de Bonelli ?

L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est un rapace de taille moyenne des climats semi-arides dont la présence, en Europe, se limite au pourtour méditerranéen. L’espèce est en déclin depuis 60 ans sur toute son aire de répartition (Inde, Chine, Moyen-Orient, Maghreb et sud de l’Europe).
Les principales menaces pour la survie de l’espèce sont les lignes électriques (électrocution, percussion), les persécutions (tir, piégeage, empoisonnement), le dérangement aux abords des zones de nidification (par la fréquentation des espaces naturels) ainsi que la perte de territoires de chasse due à la pression des activités humaines, (artificialisation des sols) et à la fermeture des milieux ouverts (garrigue, prairies…) au profit de milieux fermés (forêts).

En France, la population nicheuse était estimée à 80 couples en 1960 et il n’en restait que 22 en 2002. L’espèce bénéficiant d’un Plan national d’actions depuis 1999, les efforts de connaissance et de gestion entrepris ont permis de relever en 2023 à 46 le nombre de couples sur le territoire national.