Alors que certains participants ont eu la chance d’observer une Pie-grièche à poitrine rose, lors de la première journée Portes Ouvertes du Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’autres ont pu apercevoir un Aigle botté !
Un migrateur discret rarement observé
L’Aigle botté (Hieraaetus pennatus), de la taille d’une Buse variable, est le plus petit des aigles avec ses 1.10 à 1.30 mètre d’envergure. Il présente une grosse tête proéminente, six rémiges primaires fortement digitées, et des tarses bien emplumés (d’où son nom).
L’aigle botté existe sous deux formes de plumage. La forme claire est la plus facile à reconnaître car la zone blanche du ventre et de l’avant de l’aile contraste nettement avec l’extrémité et l’arrière de l’aile lorsque l’oiseau est vu par dessous. La forme sombre est plus délicate à distinguer. Elle se confond notamment avec le Milan noir lorsque celui-ci ne montre pas sa queue triangulaire et avec la femelle du Busard des roseaux.
Cette espèce discrète, migratrice transsaharienne, niche en France principalement le long d’une bande centrale s’étendant du piémont pyrénéen jusqu’en Franche-Comté en passant par le massif central. La population, jugée en augmentation, est estimée à moins de 800 couples.
L’Aigle botté a très rarement été observé en Vaucluse avec moins de 50 données référencées depuis 1985, dont seulement une dizaines depuis 2010.
Ce rapace est essentiellement visible en migration. Le passage printanier est peu marqué entre mars et avril avec quelques rares individus observés début mai. La période la plus favorable pour l’observer est de fin septembre à novembre avec un maximum d’observations au cours du mois d’octobre. Bien que l’Aigle botté hiverne de façon de plus en plus en régulière en Camargue, seulement 3 observations sont connues à ce jour en Vaucluse.
La nidification de l’Aigle botté en région Provence-Alpes-Côte d’Azur reste exceptionnelle avec une seule reproduction récente connue, en 2005, sur la commune de Saint-Martin-de-Crau à proximité des marais des Baux-de-Provence. Pour le Vaucluse les observations en période de reproduction restent toutes aussi exceptionnelles, bien que George Olioso, dans son ouvrage sur Les oiseaux nicheurs de Vaucluse paru en 1996, mentionne la reproduction probable d’un couple en 1994 dans les gorges de la Nesque.
Une observation remarquable
Aussi l’observation d’un Aigle bottée lors de la visite de l’Étang de Ruth le 10 juin dernier, reste une observation naturaliste exceptionnelle et seulement la deuxième observation connue en juin en pleine période de reproduction.
L’oiseau, repéré en vol au milieu de trois Milan noir, n’a, dans un premier temps, pas attiré l’attention des observateurs. Mais son comportement, sa silhouette et sa façon de voler ne correspondait pas à un Milan noir.
Une observation plus détaillée a permis de voir une queue plus longue et carrée, des ailes droites aux régimes primaires fortement digité, le vol vif caractéristique des aigles et enfin la confirmation avec ces deux petites taches blanches typiques situées à l’avant de l’attache de l’aile. Plus de doute il s’agissait bien de la silhouette d’un Aigle botté !
Après une tentative sans succès d’attaque d’une proie au sol, l’Aigle à pris de la hauteur pour disparaitre en direction du mont Ventoux.
En absence d’autre observation, il est impossible de dire ce que faisait cet individu en Vaucluse en pleine période de reproduction.