Publié le 12 septembre 2023 - Suivi des sites et des espèces

Retour d’expérience : l’impact de l’incendie de la plaine des Maures mesuré

Evaluer l’impact des incendies sur les espèces vulnérables et la résilience des populations sont deux objectifs primordiaux pour guider les réponses conservatoires. Or les milieux méditerranéens sont particulièrement affectés par ces catastrophes.

Le 16 août 2021, un incendie ravage près de 7000 hectares de milieux naturels, notamment dans la Réserve Naturelle Nationale de la Plaine des Maures (RNNPM). Celle-ci abrite l’un des derniers noyaux de population de tortues d’Hermann (Testudo hermanni hermanni) de France continentale.
Des opérations de sauvetage mobilisent rapidement de nombreux bénévoles, permettant de quantifier de façon précise la mortalité directe induite par le feu. Durant 3 semaines environ, 670 hectares de milieux incendiés (soit 25 % de la surface de la RNNPM) sont patrouillés.

Deux ans après l’incendie de la Plaine des Maures, une étude d’impact sur les tortues d’Hermann menée par la SOPTOM en lien avec divers acteurs de la conservation, dont le CEN PACA, nous livre ses premiers résultats.

AVANT/APRÈS l’incendie © Photos issues de l’étude

Premiers résultats

  • La densité de tortues observée est faible (moins de 1 individu par hectare) bien que la population n’ait pas été impactée par les incendies depuis 1979.
  • Le taux de mortalité observé est de 40 %, il affecte les mâles, femelles et juvéniles de la même façon.
  • En milieu ouvert, la mortalité est relativement basse (18 %), probablement du fait de la faible quantité de combustible limitant l’intensité du feu et de la présence de refuges rocheux sous lesquels les survivants ont été trouvés.
  • En milieu fermé, les densités de tortues y sont plus élevées, elles y ont été davantage impactées (69 %).
  • Des suivis démographiques apporteront des résultats complémentaires et permettront de préciser l’incidence de cet incendie majeur sur la population. Les futures mesures de gestion devront être calibrées à la hauteur de l’enjeu que représente la RNNPM pour la conservation de l’espèce.

A souligner également, l’intérêt de cette étude qui permet également de mettre en valeur l’importance des opérations de sauvetage et de recensement qui suivent un incendie. Si elles sont menées dans les jours qui suivent l’incendie, la mortalité peut être estimée de façon fiable dès l’instant où la pression de prospection est suffisamment importante et bien répartie sur les différents milieux.

© Cartographie issue de l’étude

Une réactivité et une mobilisation précieuses

Les données récoltées rapidement suite à un incendie permettent de mettre en place des mesures conservatoires adéquates et de réagir promptement en faveur de la biodiversité. Premièrement pour alerter l’opinion publique et les décideurs. Ensuite pour protéger des zones refuges (des coupes forestières post-incendie par exemple) et limiter les pressions anthropiques (fréquentation touristique, pâturage, chasse…).

 

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Photo principale : Joseph CELSE